
La Divine Comédie : critique du roman en vers de Dante


La Divine Comédie, mon avis sur cette œuvre spirituelle et visionnaire
Ayant projeté de consacrer une section de mon blog à mes notes de lecture, j'ai commencé par un avis critique sur la Divine Comédie. Ce poème de Dante Alighieri élève l'âme à la vertu et à la méditation des choses éternelles. Mais les lecteurs épris d'histoire et d'authenticité comme moi risquent de n'y pas trouver une satisfaction complète.
Un voyage extraordinaire dans l'Enfer, au Purgatoire et au Paradis
J'ai presque lu ce poème d'un seul trait. Pour qui aime, comme moi, le roman en vers, un genre littéraire d'autant plus séduisant qu'il ne court pas les rayons, la Divine Comédie est digne d'intérêt. Transporté hors de moi-même, je suivais le poète dans son voyage allégorique qui l'a conduit à l'Empire des ténèbres (L'Enfer), lui a fait traverser le mont du Purgatoire, avant de monter dans les étoiles (le Paradis).
Je marchais dans ses pas, exactement comme ce dernier avait marché dans les pas de Virgile. J'étais suspendu à ses chants, comme ces âmes non maudites, mais non débarrassées encore des sept péchés capitaux, que les chants de Casella ont tenues émerveillées à tel point qu'elles oubliaient de se purifier. Ce pèlerinage spirituel m'a valu trois bonnes heures d'insomnie. Mais cette veillée m'était agréable, et si elle était le prix à payer, je le paierai encore pour refaire ce voyage spirituel et visionnaire.
Si cela vous intéresse, un essai documenté sur la Divine Comédie par Jacqueline Risset est actuellement disponible chez Flammarion.
Un roman pittoresque et fantastique mais avant tout une épopée mystique
Le livre s'ouvre par la mésaventure d'un homme égaré au cœur d'une forêt obscure. Un esprit bienveillant lui est apparu pour lui porter secours. L'homme égaré qui a perdu sa route, c'est Dante.
L'esprit est Virgile. Dégoûté par la luxure et les vanités humaines, Dante voulait gravir la colline de la Vertu, mais une Panthère, une Louve et un Lion lui barraient la route. L'esprit lui indiquait alors une voie plus détournée pour arriver à la destination de son choix. C'est le pèlerinage dans les Royaumes d'outre-tombe.
Virgile se propose de lui servir de guide et de maître dans ces Royaumes que les vivants n'ont pas le droit de franchir et d'où ils n'ont pas normalement le droit de revenir.
Pittoresque dans ses descriptions, comique par endroits, fantastique avant la lettre, le poème de Dante qui est à lire comme un roman, a surtout le mérite d'être une grande épopée mystique. Il est composé de cent chants : trente-quatre pour l'Enfer, trente-trois pour le Purgatoire, et trente-trois pour le Paradis.
Ce que j'aime
D'un point de vue chrétien, le livre est un avertissement aux croyants qui seraient tentés d'imiter les mœurs de la société. Je salue la manière dont l'auteur a présenté l'Enfer comme un entonnoir en plusieurs fosses concentriques. Les mêmes crimes entraînent les mêmes châtiments. Plus Dante avance dans la funèbre cité, plus il découvre des âmes plus mauvaises que les précédentes. Elles souffrent davantage de la morsure des flammes. Leurs peines aussi sont plus terribles.
La peinture des vices de la société
Dans la première partie, le livre s'est attardé sur les vices de l'Italie et de Florence :
- La simonie
Cette infâme pratique renvoie au trafic des choses saintes. Elle est le fait des autorités ecclésiastiques qui détournent la religion à leur profit personnel.
- La luxure
Dante met en scène la reine Cléopâtre, Hélène, l'épouse infidèle de Ménélas, et son amant Pâris, dans les tortures de l'Enfer. Leur faute commune consiste dans la recherche immodérée des plaisirs sexuels.
- L'absence de vertus
Les anges qui n'ont pas pris les armes contre l'Éternel sans pourtant se ranger au côté de sa sainte milice lors de la grande querelle sont précipités en Enfer. Le livre nous enseigne qu'il faut choisir entre le bien ou le mal. Le non-choix est une lâcheté. Il conduit à notre perte.
- La corruption
Ceux qui ont vendu la justice et qui, pour de l'argent, ont fait taire leur conscience sont plongés dans un étang de poix brûlante. Des diables munis de crocs de fer en gardent l'entrée.
- Le vol
L'auteur fait passer les voleurs par d'horribles métamorphoses. Ils changent d'homme en serpents et de serpents en homme.
La peinture des vertus
Le voyage de Dante au Paradis lui sert de prétexte pour souligner les qualités de certains heureux élus qui leur ont valu un rang élevé dans le céleste séjour. Ainsi, le poète exalte le courage des saints qui ont pris part aux croisades. Dans le même ordre d'idées, l'empereur Justinien est présenté comme un modèle de courage et d'héroïsme.
Ce que j’aime le moins
Autant je salue volontiers le livre sur la forme, autant je reste critique sur le fond. J'admire le poète, mais je suis déçu par le narrateur. En effet, l'aventure de Dante dans l'autre monde est truffée de détails auxquels les chrétiens familiers de la Bible ne peuvent ajouter foi.
Je vois les deux voyageurs traverser le purgatoire dans la deuxième partie du poème. Or, ce lieu de supplice transitoire, où les âmes doivent être purifiées par le feu pour gagner leur place au ciel, n'est nulle part mentionné dans l'Écriture.
L'ordre que Virgile a reçu de trois célestes femmes à l'intention d'une certaine âme égarée (Dante) suppose la continuité des relations entre les morts et les vivants. Ce que refute l'Écriture avec véhémence.
Que le poète communique avec des âmes damnées ou sauvées qu'il a connus personnellement au cours de leur vie terrestre, passe encore. Mais qu'il ose nommer des personnages légendaires, comme Achille, Hélène ou Pâris, qu'il fait plonger dans les tortures de l'enfer aux côtés de personnages réels, c'est ce qu'un lecteur plein de respect pour l'histoire ne peut tolérer. Le poème de Dante s'écarte trop des données de l'histoire et de la sainte Bible à mon goût.
Que ce poème épique est la quintessence de la littérature médiévale, je suis le premier à l'admettre. Sans les scènes fantastiques incompatibles avec le texte sacré, cette lecture aurait pu m'enivrer d'extase et m'emporter au septième ciel. Là je suis agréablement surpris, mais sans plus. À la réflexion, je me rends compte que mes déceptions viennent de ce que j'ai attendu de l'ouvrage de Dante plus que celui-ci, par nature, ne peut offrir. Une Divine Comédie, sûrement une comédie aboutie et très savante, mais rien qu'une pièce comique.
Jean Joyeux
Ecrivain chrétien et poète biblique
La Divine comédie, ouvrage de Dante, un chef-d'œuvre de la littérature moyenâgeuse


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